Il arrive qu’au cours d’un atelier de philosophie un adulte ou un enfant s’obstine à défendre une idée fantaisiste, tirée-par-les-cheveux, situation à laquelle je me suis longtemps contenté de réagir par un petit sourire.
Je n’osais pas mettre l’idée de l’autre à l’épreuve jusqu’au bout, imposer une limite à l’expression de sa subjectivité, que je pensais devoir respecter en tant que telle.
Pourtant, philosopher, seul ou avec les autres, implique de renoncer à l’expression illimitée de notre subjectivité. Je ne peux pas me satisfaire de dire ce que bon me semble, uniquement parce que j’en ai envie, mais je dois faire en sorte que mon idée fasse sens pour les autres.
Autrement, je ne suis pas dans le dialogue mais dans le soliloque, je reste enfermé en moi-même …
Pour qu’un authentique dialogue philosophique existe je dois accepter que les autres m’interpellent lorsqu’ils jugent que mon idée est peu probable ou qu’elle va franchement à l’encontre du bon sens qu’on appelle parfois le « sens commun ».
Ce dernier correspond à une capacité de jugement pré réflexif inhérente à tous les êtres humains qui leur permet de reconnaître ce qui est évident, ce à propos de quoi il serait déraisonnable de douter, ce qui est illogique ou absurde.
Ce sens commun serait à la fois un sens de la logique et du rationnel mais aussi un sens du réel et de l’expérience humaine.
En atelier de philosophie convoquer le « sens commun » nous permet d’évaluer de façon immédiate le caractère rationnel d’une idée, le fait qu’elle ait du sens non pas seulement pour celui qui l’exprime mais pour tout être humain faisant usage de sa raison.
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